Prieuré fontevriste de La Lande-en-Beauchêne

Com. Sallertaine

Cant. Challans

Vendée 85

Diocèse de Poitiers (XIIe siècle)

1317 : Diocèse de Luçon aux dépens de Poitiers

Fondé du vivant de Robert d’Arbrissel[1]

Autres prieurés et domaines de la Vendée

Bèhes, com. Saint-Valérien, cant. L’ Hermenault. Fondé après 1149, devenu domaine

Ardelon ou Ardillon, com. Saint-Gervais, cant. Beauvoir-sur-Mer, arr. Sables d’ Olonne. Dépend de La Lande-en-Beauchêne. Domaine

Bois-Goyer, com. Mouchamps, cant. Les Herbiers. Fondé sous Pétronille de Chemillé, devenu domaine

La Bruère, com. Puy-de-Serre, cant. Saint-Hilaire des Loges. Fondé après 1149, devenu domaine

Les Cerisiers,com. Fougeré, cant. La Roche/ Yon. Fondé sous Pétronille de Chemillé. Prieuré

La Fimaire alias La Fumoire, com. Montournais, cant. Pouzauges, arr. Fontenay-le-Comte. Prieuré-Domaine de Saint-Antoine

La Leue, com. La Réorthe, cant. Sainte-Hermine. Fondé sous Pétronille de Chemillé.Devenu domaine

La Pignardière, Saint-Mars-des-Prés,com. Chantonnay, cant. Chantonnay. Fondé après 1149. Devenu domaine

Libaud, com. La Réorthe, cant. Sainte-Hermine. Fondé sous Pétronille de Chemillé.Devenu domaine

Saint-Juire-aux-Bois, com. Saint-Juire-aux-Bois, cant. Sainte-Hermine. Fondé après 1149. Domaine ? Aucune mention à la Révolution

Saint-Sauveur de Montaigu, com. Montaigu, cant. et arr. La Roche/ Yon. Fondé en 1642. Prieuré

Plan des prieurés fontevristes de Vendée

I – Archives manuscrites

A.D. Maine-et-Loire

La Lande-en-Beauchêne

Série H

165 H 1. Administration intérieure du prieuré – 1496-1748

165 H 2. Domaine – XIIe-1753

165 H 3. Aveux – 1331-1750

165 H 4. Baux            – 1352-1766

165 H 5. Procédures – 1473-XVIIIe

A.D. Vendée

La Lande-en-Beauchêne, commune de Sallertaine 1742-1788

Contexte Historique : 2e quart XVIIIe siècle / 2e moitié XVIIIe siècle

Série H

H 196 – Déclarations pour des domaines situés dans la paroisse de Soullans – 1742-1788

Série J

60 J 350 : Plan de la chapelle 1884.

B.N.

Lat. 5480 : Extrait des titres originaux de l’abbaye de Fontevraud au diocèse de Poitiers, 1699.

II – Bibliographie

BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, s. d.

BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, thèse pour le Doctorat d’ Etat, Faculté des Lettres, Paris-Sorbonne, 1980, pp. 131, 143, 147, 151, 153, 234, 286 (n. 270), 296-297, 343, 383-384, 401, 437.

BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, 2000, 2005, p. 917, coutume de seiches, ch. 673 ; habitants, 780 ; prieuré fontevriste, 505, 669, 670, 672, 673, 674, 676, 677, 678, 779, 780.

BRAHIM Agnès, Les prieurés fontevristes dans le duché d’Aquitaine, Mémoire de D.E.A, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Poitiers, 1994, p. 89.

CHARBONNEAU E, Le gouvernement des seigneurs de Garnache, Beauvoir, Ile d’ Yeu, Noirmoutier, Palluau; 170 ans d’histoire locale; 1045-1214, 1980, p. 77.

CHAUDEAU Père, chant IXe

FARCY Pierre, La Lande-en-Beauchêne en la paroisse de Sallertaine, Société d’histoire et d’études du pays challandais, 1989, p. 68.

FLOHIC, Le patrimoine des communes de la Vendée, 2001, p. 107.

GRELIER Charles, Notes sur le prieuré de la Lande-en-Beauchêne, 1962.

LARDIER Jean, La Saincte Famille de Font-Evraud, 1650, pp. 449, 546, 581-582, 663, 679.

LARDIER Jean, Inventaire des titres, 1650, lettre L, pp. 254-257 ; volume second, fenestre 13

LEVESQUE Richard, Gisants de Vendée, 303, Revue des Pays de la Loire, n° 18, 1988, pp. 35-45. (icono)

PAVILLON père Balthazar, La vie du Bien Heureux Robert d’Arbrissel, Paris-Saumur, 1666, pp. 177-178, 188-189.

POULAIN Jean, Dictionnaire de l’Ordre Fontevriste, C.C.O, Abbaye de Fontevraud, Janvier 2000, p. 94.

PRUDENT Roger curé, La Lande-en-Beauchêne, Almanach paroissial, 1909.

Religieuses de Boulaur, Histoire de l’Ordre de Fontevrault, Auch, 1911, p. 135.

ROUSSEAU docteur, Le couvent de la Lande-en-Beauchêne en Sallertaine, Bulletin de la Société d’ Olona, n° 53, t. 19, Les Sables d’ Olonne, 1970, pp. 8-11.

SIMONNEAU abbé, Notice sur La Lande-en-Beauchêne, 1873.

VRIGNAUD Laurent, MENUET Yves, La Lande-en-Beauchêne, Sallertaine, date ?

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Prieuré-domaine de La Lande-en-Beauchêne

Landa, Landa de Bella ou Bello Quercu[2]

Le prieuré est fondé grâce à l’action de Pierre II, évêque de Poitiers, et les dons de Pierre de la Garnache et de sa famille sous Robert d’Arbrissel. Ce prieuré très riche possède des salines : le domaine d’Ardillon. L’église du couvent devient bientôt le « Saint-Denis » des premiers seigneurs de la Garnache[3].

La Lande-en-Beauchêne se situe à 3 kilomètres environ au nord du bourg de Sallertaine sur les bords du minuscule Taizan : Sallertaine est une grande et riche commune du marais occidental : cet îlot est anciennement une île lorsque le marais septentrional était couvert par les eaux de la mer.

Fondation

Sous Robert d’Arbrissel, en sus des dons consentis lors des entrées en religion, près de 150 actes nous sont connus émanent de donateurs divers tel que le roi de France Louis VI, les comtes d’Anjou Foulque IV et Foulque V, d’importants barons tel Pierre de La Garnache qui, sur le conseil de Pierre II, évêque de Poitiers, fonde et dote le prieuré fontevriste de la Lande-en-Beauchêne, après 1109[4].

Robert d’Arbrissel, souhaitant aller au prieuré de La Lande pour voir l’avancement des travaux, prend au passage l’évêque de Poitiers. Le seigneur de La Garnache, ayant été averti de leur arrivée, vient au monastère avec sa femme Amiote et ses quatre enfants pour leur témoigner son estime et son affection[5].

1109-1115 : Pierre de La Garnache, fondant et dotant, sur le conseil de l’évêque Pierre II de Poitiers, le prieuré fontevriste de La Lande-en-Beauchêne, fait don à la communauté de Fontevraud, entre les mains de Robert d’Arbrissel, de la terre et du bois de La Lande, de la dîme du blé de sa grange, des fours de Beauvoir, des moulins de Noirmoutier[6] édifiés par son oncle Chalon, ainsi que du clos de vigne de sa mère, d’un marais et des peaux des daims de Noirmoutier, le chasseur de ses chevaliers voulant conserver ses prises paiera douze deniers par peau et six par daim[7].

La Lande-en-Beauchêne continue d’être, après 1115, généreusement favorisée par sa veuve Amiote qui y prend l’habit de même que sa fille Ada, par ses fils Pierre II et Geoffroi, par Gélose, femme de Pierre II, et par Guillaume d’ Ardelon vassal des précédents. Leurs donations sont d’autant plus appréciables qu’elles permettent au prieuré, situé au cœur du Pays de Retz, d’avoir, en sus de ses domaines fonciers, part aux produits et revenus des salines, pêcheries et ports de la baie de Bourgneuf et ceux des îles de Noirmoutier et d’ Yeu. On connait le nom des premiers prieurs, Geoffroi et Jean de Paire[8].

Le ravitaillement du sel pour le prieuré de La Lande-en-Beauchêne est comblé par les diverses donations d’ Amiote de la Garnache dans la baie de Bourgneuf, et de Pierre II de La Garnache dans la même baie donne à l’abbaye mère, un navire annuel chargé de sel[9].

Première moitié du XIIe siècle : Notice relatant que le jour de la prise d’habit de sa sœur Ada, Pierre II de Garnache[10] a donné aux moniales de la Lande-en-Beauchêne, avec l’accord de son frère et de son épouse, la moitié des seiches de toute sa seigneurie[11].

Première moitié du XIIe siècle : Acte concernant l’achat à Botinard, fils de Renoul, par Geoffroi, prieur du prieuré de La Lande-en-Beauchêne, d’un marais, d’un carré de vigne, d’un cens de douze deniers et treize soudées de terre[12].

Première moitié du XIIe siècle : Geoffroi de La Garnache donne aux moniales de la Lande-en-Beauchêne la coutume des seiches de Bouin, des tourteaux et des fromages ; son frère et son neveu ont concédé ce don[13].

1108-1116 : Notice relatant le don au prieuré de La Lande-en-Beauchêne, par Garsier de Machecoul, d’une charruée de terre, de bois, de prés à Fresnay- (en-Rest) et de la terre de Roncevaux. Passé du vivant de Robert d’Arbrissel donc avant 1116 et postérieur à la fondation du prieuré, donc au 29 juillet 1108[14].

1108-1115 : Pierre de Garnache avec l’accord de son épouse, de ses trois fils et de ses deux filles, fait, en présence de l’évêque de Poitiers Pierre (II), de nombreuses donations à Robert d’Arbrissel et à la communauté de Fontevraud, à savoir : la terre, dûment délimitée, de La Lande (-en-Beauchêne), la dîme de son blé, de ses fours de Beauvoir et de ses moulins de Noirmoutier, le clos de vigne de sa mère, les peaux des daims de Noirmoutier pour lesquelles les chasseurs voulant conserver leurs prises paieront douze deniers par peau et six par daim, enfin la dîme de tous les lapins capturés à Noirmoutier ; en outre, après son décès, les moniales auront, en autres, les peaux des béliers de Bouin pour leurs livres et celle des agneaux du même lieu pour leurs surcots[15].

Première moitié du XIIe siècle, après 1118 : Notice relatant que Pierre (II de La Garnache) a donné aux moniales de La Lande-en-Beauchêne, la dîme de son port de Beauvoir, la coutume des poissons, à savoir des daurades et des surmulets, la dîme de son moulin de Monts et de son port de Noirmoutier ; son frère et son épouse ont concédé ce don[16].

1118-1149 : Gélose, dame de La Garnache, fait don d’une dîme dans les mains de l’abbesse Pétronille ; Pierre (II de La Garnache), son frère, son fils et sa sœur ont concédé ce don[17].

1118-1149 : Amiote (de La Garnache), prenant l’habit religieux, donne aux moniales de La Lande-en-Beauchêne ses vignes de la Corbellière, une métairie, ce qu’elle possède dans les ports de Beauvoir et de Noirmoutier, sa « coutume » sur des salines et une autre saline ; ses deux fils, son petit-fils et sa bru concèdent ce don[18].

Peu avant 1149 : Notice relatant que Pierre (II de La Garnache) a donné aux moniales de La Lande-en-Beauchêne, entre les mains de l’abbesse Pétronille de Chemillé (1115-1149), la dîme du vin et du blé de l’île d’ Yeu, le frère et le fils de Pierre ont concédé ce don[19].

Peu avant 1149 : Amiote, dame de La Garnache, relate qu’elle a donné au couvent de La Lande-en-Beauchêne, la dîme des revenus qu’elle possédait dans le port de Beauvoir et sur tout le rivage, celle de ses vignes et de son moulin de Monts ainsi que celle des vendanges de Noirmoutier ; elle a confirmé ce don entre les mains de l’abbesse Pétronille[20].

1149-1160 : Notice relatant que Guillaume d’Ardillon, son frère Geoffroi, son épouse et ses fils ont donné au prieuré de La Lande-en-Beauchêne le cens et la dîme de trois cent aires de salines contre l’assurance de voir admettre, quand ils le désireront, deux femmes de leur famille parmi les moniales et de participer, avec leur descendance, au bénéfice des prières de ces dernières[21].

XIIIe siècle

1229 : Don de 12 livres de rente sur le port de Beauvoir par Marguerite, comtesse de Thouars, dame de Montaigu et de La Garnache, pour la nourriture d’un chapelain qui priera pour Hugues, son mari enterré dans la chapelle de la Maladrie dépendante de la Lande-en-Beauchêne[22].

XIIIe siècle : Il semble que les infirmeries du prieuré n’est abritées que les moniales ou les frères malades : au début du XIIIe siècle, Hugues, seigneur de Thouars, la Garnache et Moncontour, fait don d’une rente au prieuré de La Lande-en-Beauchêne, precipue cuidam capelle eiusdem loci quam fundavimus pro monialibus infirmis[23]. Il assigne à celle-ci un revenu de 10 livres sur le port de Beauvoir, somme payable par moitié à la Toussaint, par moitié ad nundinas de Landa[24].

Foire :

Henri II Plantagenêt, en 1166, autorise les religieuses d’ Eaton à instaurer une foire annuelle. Les fontevristes en établissent par la suite dans d’autres prieurés comme à La Lande-en-Beauchêne : foire qui a lieu le 20 juillet et qui a été la plus la plus considérable du marais[25].

Guerre de Cent Ans (1337-1453)

Les malheurs de la Guerre de Cent Ans les communautés. Les prieurés qui représentent 8 diocèses (Auch, Poitiers, Rieux, Limoges, Tours, Orléans, Saint-Flour et Lyon sont atteints de ruines matérielles. Les désastres de la guerre de Cent Ans et la mauvaise administration des prieurés fait tomber l’Ordre, malgré ses biens, dans une grande misère.

L’abbaye de Fontevraud ne compte plus que 10 à 20 moniales. La pauvreté est générale, les rentes en argent et nature ne sont plus payées à cause de l’abandon de l’exploitation des terres. Les prieurés, les domaines, les locaux d’exploitation comme les granges, les moulins et les fours se retrouvent à la fin de la Guerre de Cent Ans dans un état lamentable. La quasi-totalité des prieurés de l’Ordre ont subit des destructions.

XVe siècle

1435 : Sr Marie d’ Harcourt nièce de Mme Marie d’ Harcourt, cy devant prieure de Relay et d’ Orsan, est constituée prieure de La Lande[26].

Le premier septembre 1451, l’abbesse Marie d’ Harcourt (1431-1451) demande à la prieure de la Lande de recevoir religieuse Jeanne de Parthenay[27].

Réformation

Il faudra attendre Marie de Bretagne (1457-1477) pour qu’un mouvement de réforme s’ébauche. Elle va se faire aider surtout par Guillaume de Bailleul, religieux vicaire général de l’abbesse puis prieur de Saint-Jean-de-l’Habit. Il est chargé de dresser un état du temporel de l’Ordre de Fontevraud. Le pape Pie II autorise Marie de Bretagne à « supprimer et esteindre quelques prieurés qui seroient hors espérence de se pouvoir remettre et tout ensemble permis d’appliquer le revenu à la Crosse de l’Abbesse et à la Mense du Grand Monastère »[28].

A la pauvreté matérielle s’ajoutent l’absence de vocations et l’insubordination des religieux et des moniales. En 1460, la plupart des prieurés ne comptent plus que 2 à 5 religieuses et 1 à 2 religieux. Certains sont complètement abandonnés.

En 1460, à la demande de Marie de Bretagne, Guillaume de Bailleul se rend au prieuré de La Lande-en-Beauchêne où il visite la chapelle des religieuses et celle de l’Habit. D’autres visiteurs viendront à La Lande-en-Beauchêne : en 1580 visite par Jean Bouscheron ; 1528, frère Antoine de Burines; 1556, frère Guillaume Mollet ; 1563, frère Jean Monnier ; 1571, frère Jacques Bourdonnais ; 1643, frère Jean Lardier[29].

Guerre de religion, XVIe siècle

1495 : frère Guillaume Biron, prieur[30].

1497 : Jean Cormier, prieur[31].

1502 : mort de la prieure Jeanne de Parthenay[32].

26 juillet 1502 : Sœur Marie de Soulas résigne entre les mains de l’abbesse Renée de Bourbon (1491-1534) le prieuré de Bonneuil[33] et Madame lui donne le prieuré de La Lande, vacant par la mort de Jeanne de Parthenay[34]. Mme confère le prieuré à frère Richard de Riaucourt vacant par la mort de frère Guillaume Mollet[35].

1504 : frère Gilles Le Goux, prieur[36]

Le 7 septembre 1505, Madame donne, en reconnaissance des bons services qu’a fait de son vivant à son Ordre Jean de Razilly, chevalier seigneur dudit lieu, à sa veuve Marie de Vaux tous les arrérages qui sont dus de la pension de sœur Marie de Razilly, en son vivant religieuse de La Lande-en-Beauchêne[37]. Frère Jean Baussay, prieur[38].

1506 : Marie Daubergeon prieure[39].

1522 : Sr Marie Danoise cellérière[40].

1525 : frère Louis Erraud, prieur[41].

1566 : on trouve un bail à rente d’une maison et jardin par frère Charles de Razilly et Sr Jeanne de Soubise. La même année les deux moulins de La Barre sont baillés à ferme à rente ou à vie. La métairie de la Maladrerie, la chapelle de Chaufriotte avec logis, grange et appartenance, les métairies de Saint-Gervais et Lajou, le fief de la Grangerie dépendent de la Lande-en-Beauchêne.

Ce sont les derniers prieures et prieurs nommés par Lardier Jean

Le prieuré et son église sont probablement incendiés par les protestants[42].

La Lande-en-Beauchêne est réunie à la mense abbatiale, est devenu un « domaine » ou « seigneurie » directement dirigée par l’abbaye. Nous trouvons un procès concernant les fermiers de La Lande ce qui confirme que La Lande n’est plus un prieuré.

1566 : Il faut entreprendre des réparations à l’église[43]. Madame de Rohan demande aux fermiers de La Lande de comparaitre aux assises : ce prieuré de la Lande-en-Beauchêne est réuni à la mense abbatiale ; il devient une simple ferme ou « seigneurie » baillée à ferme et gérée par l’abbaye de Fontevraud.

Au XVIe siècle, le protestantisme gagne le Poitou et une partie de l’Anjou. Les prieurés n’échappent pas aux déprédations et certaines religieuses veulent passer aux calvinistes. Louise de Bourbon (1534-1575) dépense des sommes considérables pour répandre des brochures catholiques dans les provinces touchées par le protestantisme. Elle rédige des professions de foi qu’elle envoie dans les prieurés. La dernière date de 1575, année de sa mort, à l’âge de 80 ans.

XVIIe siècle

Le 2 décembre 1621 : le séminaire de La Flèche où Mme l’abbesse, Louise de Bourbon de Lavedan (1611-1637), peut loger les religieux qui étaient en pension chez les Pères Jésuites, ne peut subvenir à ces besoins : elle envoie à Rome pour obtenir du pape l’autorisation d’affecter le revenu du prieuré de La Lande qui est de 2000 livres. Le pape lui permet de le faire le 2 décembre 1621, il lui accorde aussi le droit de prendre la somme de 2000 livres de 4 anciens prieurés qui sont réunis à la mense abbatiale Saint-Bibien[44], La Font-Saint-Martin[45], Cubas[46] et Pontchaulet[47]. Confirmation en 1699, La Lande-en-Beauchêne fait partie de la liste des titres concernant l’abbaye et non dans la liste des prieurés[48].

A la fin du XVIIe siècle, l’église est tronquée. L’église n’a plus sa raison d’être initiale, celui d’assurer le service divin. Elle est trop grande pour le petit bourg de la Lande et les villages des environs. L’église est réduite à l’état de chapelle, desservie par un chapelain, la nef est « ruinée » pas entièrement démolie, mais en triste état Le nom est resté : ceux qui veulent découvrir La Lande-en-Beauchêne doivent de nos jours aller au lieu-dit La Chapelle.

La Lande est confiée à un fermier qui loue le domaine par un bail : en 1748, un état des lieux est fait lors du décès du fermier Jean Groleau et à la prise de fonction de son successeur : Mourain des Bouchauds. Le fermier a établi sa demeure dans une partie encore aménageable.

1787 : le dernier bail à ferme est consenti le 20 octobre 1787 pour 7 ans à Pierre Chartier et Marie Françoise Ganachaud, son épouse, demeurant à la maison noble de Beaulieu, paroisse de Sallertaine.

Père Chaudeau,

« Quand son prélat l’appelle à de succès nouveaux

Au fond de la province un climat solitaire

A ses vastes desseins pouvait ne pas déplaire :

Non loin de Garnache, un vertueux seigneur

De ce désert sortable était le possesseur ;

Pierre l’aborde, il parle, et son prudent langage

De la Lande bientôt obtient le lieu sauvage.

L’heureux apôtre arrive, approuve son dessein,

Et le seigneur actif, ouvrant sa large main,

Trace les fondements, creuse une enceinte immense,

Et pour écarter la fatale indigence

Il assigne des fonds dont l’ample revenu

Dût suffire à l’essaim qui fut bientôt venu… »[49]

Révolution Française

La Révolution rend caduc le dernier bail, les bâtiments, dans un état de délabrement avancé, sont vendus comme bien national en 1791[50].

Plan cadastral de La Lande-en-Beauchêne, Sallertaine, Vendée, 1840-1849. A.D. Vendée

Les biens consistent, en plus du domaine et de son enclos et de sa chapelle, du Pré-Nonnain, des Isles, Ardillon et la Maladrie, de 500 journaux de prés et terres, répartis sur les paroisses de Sallertaine, Châteauneuf, Le Perrier, Saint-Urbain, Saint-Gervais et Beauvoir.

Plan d’assemblage de La Lande-en-Beauchêne, Sallertaine, Vendée, 1882. A.D. Vendée, W 28011

Tous ces domaines sont vendus nationalement le 3 mai 1791 par le district de Challans, la métairie des Isles, en Châteauneuf, pour 17.500 livres ; la Maladrie, en Saint-Gervais et Beauvoir, avec 53 journaux de terre, pour 12.320 livres (au ci-devant fermier Pierre Chartier). Le reste, sauf Ardillon qui est aussi vendu à part (70 journaux et 240 aires de marais), le couvent lui-même, maison, cour, jardin, dépendances, droits seigneuriaux et les autres métairies, fut adjugé au sieur Le Roux, de Nantes, pour 147.190 livres.

En 1873, le domaine de La Lande est décrit : « … sa vaste chapelle apparaît encore tout entière par son plan imprimé sur le terrain. Le chœur en était spacieux ; du côté de l’Est on remarque l’emplacement d’un autel et d’une porte conduisant au monastère converti actuellement en jardin où la charrue exhume encore quelquefois du sol des carreaux, des briques et des ardoises, mettant à nu les dimensions des appartements… Le chœur de l’édifice se trouve aujourd’hui sous un hangar destiné à abriter les charrettes. En 1873, on y a trouvé plusieurs pierres tombales dont le temps a dévoré les inscriptions… »[51]. Les dernières traces de l’église disparaissent en 1880[52].

« C’est la grande époque de sa destruction. Le chemin de la Lande a dû voir passer bien des tombereaux chargés de pierre. Cependant les premiers à se servir ont été les propriétaires des trois exploitations agricoles situées sur le domaine de l’ancien prieuré : la Chapelle, le Logis, la Métairie (ou Petit Logis). Les bâtiments actuels sont construits en pierre tirée du couvent et de l’église. Les étables datent d’un peu avant 1820 et on y trouve beaucoup de pierres taillées ainsi que quelques colonnes. Ces constructions ont été réalisées avec les vestiges du couvent. On y trouve aussi des poutres très anciennes »[53].

Plan de l’église de la Lande-en-Beauchêne, 1884. Charbonneau, p. 77

1886 : « Les bâtiments de la Chapelle ont été construits en 1866 ; cette inscription n’a été retrouvée que tout récemment. La Métairie (ou Petit Logis) date de la même époque que la Chapelle et est construite rigoureusement sur le même plan. L’église a servi de carrière pour ces bâtiments. »[54].

Vers la fin du XIXe siècle,  « le pillage des pierres se fait sans bruit ».

« Il subsiste un plan sur toile de l’état de La Lande en 1881. A cette époque l’église n’a plus de toit, le haut de l’édifice a disparu mais l’emplacement est encore très apparent avec des murs atteignant 1m de haut par endroit. Un très ancien puits, situé au chevet de l’église, vraisemblablement contemporain des origines, avec sa margelle surmontée d’un édicule semi-circulaire appareillé en cul-de-four, a également disparu. A la fin du XIXe siècle, l’ensemble des sépultures de l’église est visité, des petits objets sur les tombes ou à l’intérieur sont trouvés. Les pierres tombales, dont celle d’un enfant (aujourd’hui dans l’ancienne église) sont mises de côté et laissées à l’abandon»[55].

En 1968 : « Cet enclos n’était pas très différent de ce qu’il est actuellement mais il était envahi par les ronces et les orties. Il fut décidé de le nettoyer et même de le labourer. Nous savions que c’était l’église et nous avons pensé qu’il pouvait y avoir une crypte. Mais la charrue n’a découvert aucun escalier. Pas de crypte ! Cependant la charrue a heurté une pierre tombale près du chœur. Je me souviens d’avoir appelé de Dr Julien Rousseau pour qu’il vienne l’examiner. Sous la pierre tombale, nous avons découvert un squelette. Il s’agissait d’un homme qui mesurait 1.78 mètre et que le Dr Rousseau présumait être Pierre V, seigneur de la Garnache. La Lande-en-Beauchêne était le lieu d’inhumation de la famille du fondateur, Pierre II, ainsi que de quelques autres personnes importantes, dont Hugues de Thouars, le premier mari de Marguerite de Belleville, enterré en 1228, qui fit de nombreux et importants dons aux moniales»[56].

En 2004, « des bâtiments, il ne reste qu’un pan de mur du monastère de 2,50m de long sur 1,50m de haut et 1,20m d’épaisseur.

A l’occasion de travaux de nivellement, un tracteur heurte inopinément un obstacle qui se révèle être une pierre tombale placée certainement près du chœur de l’église. Large dalle de calcaire de Sallertaine de 2m de long, cette pierre s’orne d’une croix dont le dessin dénote la fin des XIIe ou XIIIe siècle ».

Je cite M. Yves Menuet : « Il reste peu de choses des bâtiments. Les pierres ont servi à la construction de trois fermes dans le village »

Iconographie

Sallertaine

Église Saint-Martin

Place de la Liberté

Gisant d’enfant

XIIe, XIIIe siècles

Calcaire

La=40 x H=99 x Pr=26  cm

Provient de la chapelle détruite du prieuré de La Lande-en-Beauchêne

Gisant d’un enfant, XIIe-XIIIe s., église Saint-Martin, Sallertaine.
Provient du prieuré fontevriste de La Lande-en-Beauchêne. sap83_85w01378

Hist :

Don de Melle Fortin de la Roche-sur-Yon. Ce tombeau d’enfant provient de la chapelle détruite du prieuré de La Lande-en-Beauchêne décrit comme le Saint-Denis des puissants seigneurs de la Garnache.

Cette photo a été publiée dans la revue 303 n°18 – 1988 avec les commentaires de Richard Levesque (conservateur des musés de Vendée) dont voici un extrait:

« Bras repliés et croisés sur la poitrine, vêtu d’une tunique ne laissant paraître que les pieds, le gisant est entouré d’un répertoire varié de frises sculptées Mal à l’aise dans la représentation naïve et maladroite du corps humain et dans celle des drapés, le sculpteur donne libre cours à son imagination dans un vocabulaire d’esprit très roman, inhabituel sur ce type de monument : étoiles sous les pieds, entrelacs au-dessus de la tête, feuilles d’eau le long des grands côtés et frise continue d’arc plein cintre sur l’épaisseur de la pierre. Sous les pieds, une plaque rectangulaire bûchée fournissait, peut-être, une solution à cette œuvre rare et énigmatique ».

La naïveté de la sculpture rend difficile une datation serrée. Le vocabulaire « roman » pourrait faire pencher pour une réalisation du XIIe siècle ; l’archaïsme du rendu n’est peut-être que la marque d’une œuvre locale du XIIIe siècle[57].

Après le confinement, nous irons découvrir La Lande-en-Beauchêne


[1] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, s. d.

[2] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, 2000, 2005, p. 917.

[3] ROUSSEAU docteur, Le couvent de la Lande-en-Beauchêne en Sallertaine, pp. 8-11.

[4] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, pp. 143, 151, 296.

[5] PAVILLON père Balthazar, La vie du Bien Heureux Robert d’Arbrissel, pp. 188-189.

[6] L’île d’ Yeu et l’île de Noirmoutier relevaient de la Garnache.

[7] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 505.

[8] BIENVENU Jean-Marc, op. cit. , pp. 296-297.

[9] BIENVENU Jean-Marc, op. cit. , pp. 383-384.

[10] Seigneurs de Garnache, Beauvoir, Ile d’Yeu, Noirmoutier, Palluau.

[11] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, ch. 673.

[12] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 779.

[13] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 674.

[14] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 780.

[15] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 670.

[16] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 672.

[17] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 677.

[18] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 678.

[19] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 675.

[20] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 676.

[21] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 669.

[22] LARDIER Jean, La Saincte Famille de Font-Evraud, p. 449.

[23] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, p. 286 (n. 270). Bibl. Nat., Lat., 5480, t. I, p. 29.

[24] BIENVENU Jean-Marc, op. cit. , pp. 401 (n. 473).

[25] CAVOLEAU Jean-Alexandre, LA FONTENELLE de VAUDORÉ Armand-Désiré, Statistique ou description générale du département de la Vendée, p. 786.

[26] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 254.

[27] LARDIER Jean, op. cit., p. 546. Jeanne de Parthenay, prieure de la Lande est « gouverneresse et administreresse » de la maison fontevriste de Bien-lui-Vient (86) (A.D.M&L, 131 H 1).

[28] NICQUET (H), Histoire de l’Ordre de Fontevrault……, p. 479.

[29] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 254.

[30] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 255.

[31] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 255.

[32] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 254.

[33] Com. Sainte-Soline, cant. Lezay, arr. Melle, Deux-Sèvres.

[34] LARDIER Jean, op. cit., p. 581.

[35] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, p. 255.

[36] LARDIER Jean, op. cit., p. 254.

[37] LARDIER Jean, op. cit., p. 582.

[38] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, pp. 254-257.

[39] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, pp. 254-257.

[40] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, pp. 254-257.

[41] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, pp. 254-257.

[42] GRELIER Charles, Notes sur le prieuré de la Lande-en-Beauchêne, 1962.

[43] LARDIER Jean, Inventaire des titres, vol. II, pp. 254-257.

[44] Com. Vouhé, cant. Surgères, arr. Rochefort, Charente-Maritime.

[45] Com. Usson-du-Poitou, cant. Gençay, Arr. Montmorillon, Vienne.

[46] Com. Cherveix-Cubas, cant. Hautefort, arr. Périgueux, Dordogne.

[47] LARDIER Jean, op. cit., p. 663. Pontchaulet, com. cant. Saint-Germain-les-Belles, arr. Limoges, Haute-Vienne.

[48] B.N. lat. 5480.

[49] Religieuses de Boulaur, Histoire de l’Ordre de Fontevrault, Auch, 1911, p. 135.

[50] GRELIER Charles, Notes sur le prieuré de la Lande-en-Beauchêne, 1962.

[51] SIMONNEAU abbé, Notice sur La Lande-en-Beauchêne, 1873.

[52] FLOHIC, Le patrimoine des communes de la Vendée, 2001, p. 107.

[53] SIMONNEAU abbé, op. cit., 1873.

[54] SIMONNEAU abbé, op. cit., 1873.

[55] GRELIER Charles, Notes sur le prieuré de la Lande-en-Beauchêne, 1962.

[56] VRIGNAUD Laurent, MENUET Yves, La Lande-en-Beauchêne, Sallertaine, date ?

[57] LEVESQUE Richard, Gisants de Vendée, 303, Revue des Pays de la Loire, n° 18, 1988, pp. 35-45.